Discours

Discours aux autorités du pays

Le Premier ministre et S. M. le Roi ont prononcé aujourd'hui leur traditionnel discours aux autorités du pays. En raison du coronavirus, les invités ont suivi le discours à distance. Mais pas moins de quarante élèves de rhéto étaient présents au Palais Royal. Ils incarnent, pour le Premier ministre, une jeunesse impatiente de prendre part à la réflexion et à la société. Lisez ici l'intégralité du discours du Premier ministre.

Le prononcé fait foi

Sire,

Mesdames et Messieurs,

Chers jeunes, à qui je tiens tout particulièrement à souhaiter la bienvenue,

Lorsque le Roi a proposé d'inviter aujourd'hui des élèves du secondaire, l’idée m’a d’emblée enthousiasmé. Car tous les choix que nous posons aujourd'hui ont un impact direct sur votre avenir. Vous incarnez une jeunesse qui a envie de prendre part à la réflexion et d’œuvrer à la société.

Il y a trente ans, quand j'avais votre âge, le monde semblait beaucoup plus simple. Nous avions assisté à la chute du mur de Berlin. C'était l'époque des révolutions technologiques, comme le premier GSM et l'Internet. Nous étions follement impatients d’entrer dans le nouveau millénaire. Pour moi, aucun doute : ma génération serait mieux lotie que celle de mes parents. Rien ne nous semblait impossible.

Aujourd'hui, cette idée de progrès n’est plus aussi évidente. En 2022, notre monde est pour beaucoup source d'incertitude. La crise du coronavirus – qui s’est révélée être la période la plus éprouvante depuis la Seconde Guerre mondiale - les changements climatiques, la révolution numérique, l'énergie, les graves tensions aux frontières de l'Europe.  Autant de questions qui affectent directement nos vies et notre foi dans le progrès. La conviction d’avoir notre destin entre nos mains. Voilà notre rôle, notre mission : restaurer cette conviction. Avec une approche qui donne des ailes aux gens et concilie l’ouverture qui nous caractérise avec une meilleure protection de chacune et chacun.

 

Sire,

Mesdames et Messieurs,

La crise du coronavirus a été une période particulièrement éprouvante, certainement pour les jeunes qui ont cruellement manqué de contacts. Nous espérons tous, petit à petit, pouvoir tourner cette page. Grâce aux vaccins, nous sommes en train de reconquérir nos libertés. Mais surtout, n’oublions jamais l’élan de solidarité inouï qui nous a permis de nous entraider dans les moments difficiles ; et également d'éviter des dizaines de milliers de licenciements et de faillites.

La facture d’énergie atteint des sommets. Elle est aujourd’hui aussi source d’inquiétudes. C'est la raison pour laquelle le gouvernement fédéral a déjà libéré plus d'un milliard d'euros pour protéger les citoyens les plus vulnérables. Nous nous efforçons également de soutenir le pouvoir d'achat de la classe moyenne. En terme  d’accès à l'énergie, mais aussi en rendant le travail plus rémunérateur et en utilisant pleinement le mécanisme d'indexation.

Notre futur, nous nous y attelons. En réalisant des pas de géant dans la production d'énergie éolienne en mer du Nord. Grâce au savoir-faire belge, nous installons aujourd'hui en mer des éoliennes d'une capacité une fois et demie supérieure à ce que nous avions pu penser. L'objectif est de fournir à toutes les familles belges de l'énergie verte à un prix très accessible, en provenance de la mer du Nord d'ici 2030.

Il y a trente ans, un tel objectif n’était tout simplement pas imaginable. Même si nous avions voulu remplir la mer du Nord d'éoliennes nous n’y serions pas parvenus.

Il y a trente ans, sans la technologie d’aujourd’hui, nous serions toujours en train d’attendre le premier vaccin contre le coronavirus.

L’heure est donc bien à l’optimisme. Et malgré la hauteur des défis qui se présentent à nous, les possibilités actuelles sont tellement plus vastes qu’il y a trente ans. Si nous travaillons main dans la main, tout est à notre portée.

 

Mesdames et Messieurs,

Chers jeunes,

Quand j’observe notre pays, je vois aussi du talent, du talent à l’infini. Partout où j’ai la chance de me rendre, je vois des gens qui s’engagent. Des gens qui consacrent une partie de leur temps aux autres comme bénévoles ou comme aidants proches. Je découvre une jeune génération ambitieuse. J’observe, avec espoir, cette majorité silencieuse qui chaque jour donne le meilleur d'elle-même et fait tourner notre pays.

 

Sire,

Mesdames et Messieurs,

Outre ces talents, notre pays dispose d’une seconde force. Son ouverture et sa diversité.

Notre pays a toujours été un carrefour de cultures. Aujourd’hui comme hier.

Et donc, lorsqu’à la fin de cette décennie, nous célébrerons les 200 ans de la Belgique, nous célébrerons aussi les 200 ans de notre Constitution belge, un modèle de liberté et d’ouverture. Un document exceptionnel, truffé de droits justiciables et de libertés individuelles. Ces droits et ces libertés sont aujourd’hui menacés dans le monde entier, et il nous faut à tout pris les défendre.

Dans un monde agité règne toujours la trompeuse et insidieuse tentation de mettre au placard notre démocratie, sous prétexte qu’elle serait faible et hésitante. Mais ce sont précisément nos valeurs démocratiques qui nous rendent plus forts. Liberté et solidarité, participation et pluralisme. Ces valeurs sont les fondements d'une société où chacun compte, où tout le monde se respecte et où l'on s’associe pour trouver des idées plus percutantes ; meilleures que celles qui jailliraient d’une seule tête.

C’est précisément pour cela qu’il est essentiel de ne pas laisser notre société en proie à ceux qui crient le plus fort, à ceux qui intimident les autres dans la rue ou en ligne, ou encore à ceux qui ne jurent que par la violence. Les droits et les libertés appartiennent à tous. À chaque citoyen, y compris les plus vulnérables et ceux dont la voix se fait plus discrète, et certainement à ceux qui doivent changer leur propre nom, Bouba Kalala, en Yanni Vandenbroeck pour pouvoir louer un appartement.

Ce n’est pas ce que nous sommes.

Ce n’est pas la société dans laquelle nous souhaitons vivre.

Et ce ne sont pas les valeurs que défend la Belgique.

Notre pays s'est toujours construit à plusieurs voix, en privilégiant le respect et l'égalité. C'est ce qui fait notre tradition et le socle de notre succès futur. C'est aussi le message que nous adressons à tous ceux qui, de l'extérieur, veulent saper nos valeurs occidentales et notre démocratie : nous sommes plus forts.

 

Sire,

Mesdames et Messieurs,

Chers jeunes,

Au nom du gouvernement, je vous souhaite une année remplie de belles rencontres ; de discussions l’esprit ouvert. Que cette année nous permette de bâtir ensemble sur cette promesse de progrès. En alliant notre ouverture au monde avec une meilleure protection de chacune et chacun.